Reserva de Hoteis e Pousadas em Morro de Sao Paulo

Credito de Celular Tim Vivo Oi Claro Click na foto para recarregar online pela internet

Credito de Celular Tim Vivo Oi Claro Click na foto para recarregar online pela internet
Recarregue online pela internet

terça-feira, 17 de abril de 2012

Le vautour de l’île n’est pas celui qu’on croit Bahia Brésil

Il va de soi que cet opus (8) et les suivants s’adressent prioritairement aux lecteurs des sept épisodes précédents, et surtout le (7), pour déméler les fils au mieux. Dans le livre, Peu des informations concernent Bahia, hors du scandale de la Ilha. Par ailleurs, devant les dizaines de preuves étayées de détournement financiers, de blanchiment d’argent, de corruption, nous ne pouvons qu’observer un ballet malfaisant, dribblant les lois dans tout le Brésil… Mais bien qu’Amaury Ribeiro Junior accuse entre autres Verônica Serra (fille de José Serra) et Alexandre Bourgeois, son mari, d’innombrables tours de passe passe économiques, dansant entre les paradis fiscaux et autres Îles Vierges en tous genres, il est incroyable de voir combien la quasi totalité des journaux, quotidiens, télévisions brésiliens - à l’exception très notable de l’hebdo CartaCapital - n’évoque qu’entre les lignes ce livre, ou l’ignore totalement. Mais le succès dans les librairies dépasse toutes les espérances. Plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, en ce lundi 19 décembre. À Salvador, il n’y en a plus de disponible.
Il est utile, donc, de rappeler quelques données civiles et générales sur deux des principaux acteurs du livre et du chapitre, José SERRA et Gregorio Marín Preciado. Ce dernier, espagnol naturalisé brésilien, a longtemps exercé sa profession d’hommes d’affaires dans la région du Grande ABC, dans l’Etat de São Paulo. Sa femme, depuis plus de quarante ans, Vicência Talán Marín - fille unique - est la cousine germaine de l’homme politique brésilien José Serra : en effet sa mère, Thereza Chirico Talan, est la sœur de la mère de José Serra, nommée Serafina Chirico Serra (décédée en 2007), brésilienne fille d’immigrants italiens. Quant à José Serra, il fut le dernier candidat du parti PSDB à l’élection présidentielle en 2010. C’est-à-dire qu’il fut le représentant de toutes les oligarchies conservatrices dans l’ensemble du Brésil, et à Bahia le candidat naturel de la droite parlementaire, représentée par le parti DEM (ex PFL, parti du tyran Antônio Carlos Magalhaes) dirigée alors par Paulo Ganem Souto, fidèle soldat du sus nommé ACM et auteur de la “donation” de la Ilha do Urubu.
Paulo SOUTO, évoquons autres de ses actes précédents à cet acte administratif, justement… lui qui venait à peine, dans ces années 90, de s’asseoir sur le trône de gouverneur “offert” par son “parrain” électoral Antônio Carlos Magalhães. Et traduisons Amaury:
« Comme vendre le patrimoine public au Brésil dans les années 90 était un impératif de la modernité, M. Souto mit aux enchères l’entreprise publique d’électricité (Companhia Elétrica da Bahia - Coelba), négociée à l’époque pour 1,7 milliard de reais. Dans la salle des ventes était justement M. Preciado, comme représentant de la multinationale (espagnole) Iberdrola dans le consortium Guaraniana. La vente de la compagnie publique au consortium du cousin de M. Serra fut saluée par l’alors ministre des Minas e Energia du président de la République Fernando Henrique Cardoso, Raimundo Brito, comme “un succès” e “un prix (prêmio)” au gouvernement bahianais qui « administre l’entreprise avec sérieux et responsabilité publique et d’entrepreneur ». A l’époque, le consortium acquit également, avec M. Preciado aux manettes, rappelle le journaliste, deux autres compagnies publiques d’Etats voisins : la COSERN, de l’Etat du Rio Grande do Norte, et la CELPE, de l’Etat du Pernambuco.


Nous devons mentionner qu’en 2010 le journaliste Amaury Ribeiro Junior fut accusé de violer des secrets de communication (écoutes téléphoniques) en enquêtant sur un supposé clan espion qui aurait eu comme cible le gouverneur d’alors de l’Etat du Minas Gerais, Aécio Neves. Amaury Ribeiro Junior travaillait en effet, à l’époque, dans le quotidien Estado de Minas, qui appuyait clairement les prétentions de candidat de M. Neves (PSDB) à la Présidence de la République. Finalement, José Serra fut le candidat choisi par le PSDB pour affronter Dilma Roussef. Mais tout cela ne remet évidemment pas en question le travail d’investigation, impressionnant et recoupé, de Amaury Ribeiro Junior.


L’un des principaux acteurs de la vente et achat polémiques - et toujours bloqués judiciairement - de la Ilha do Urubu, M. Marin Preciado, a décidé de raconter sa vie sur le réseau internet.
Mais… pour son malheur, la sortie nationale, ce vendredi 9 décembre 2011, d’un livre enquête - informatif car fruit de douze années d’enquête, mais confus, partisan, et où le commentaire et les digressions personnelles remplacent trop souvent le fait brut - dont l’impression fut longtemps retardée, lève une petite partie du voile sur les actions politiques et bancaires, au Brésil et dans l’Etat de Bahia, des amis de M. Martin Preciado durant les nombreuses privatisations, principalement menées sous les deux présidences de la République de M. Fernando Henrique Cardoso. Cet ouvrage, que nous venons de lire ce jour durant, se nomme A Privataria Tucana, est édité par Geração Editorial, dans la collection “História Agora”, et écrit par Amaury Ribeiro Junior, au long de 343 pages.
Comme nos lecteurs ne sont le moins du monde ingénus ou gogos, il leur sera donc intéressant et utile de parcourir - avant la publication dans les prochains jours, en nos colonnes, des informations nouvelles qui concernent M. Preciado et Bahia - le nouveau blog officiel de M. Marin Preciado, où il met aussi en ligne des… recettes de cuisine, ci-après créé tout récemment après l’initial blog indiqué ci-dessous:
Note: L’éditeur de ce livre d’Amaury Ribeiro Junior, est le même qui lança, nationalement, le 19 vendredi janvier 2001, ‘Memórias das Trevas - Uma Devassa na Vida de Antonio Carlos Magalhães’, ouvrage écrit par le journaliste Joao Carlos Teixeira Gomes (surnommé “Joca”), formidable livre enquête et livre de mémoires à la fois sur la gestion poitique durant des décades à Bahia, menée d’une main de fer par le tyran Antonio Carlos Magalhães. Une parution, en 2011, dix ans après, qui fait sens.

Trancoso Bahia Brésil

Trancoso. Cette région qui englobe la Ilha do Urubu est un des périmètres les plus prisés du Brésil. Acteurs richissimes, constructeurs civils, héritiers “bahianais”, grandes fortunes étrangères, chefs d’Etat paranoiaques, jusqu’à la veuve du feu vendeur d’armes français Lagardère y possèdent une demeure. Si possible derrière de hautes palissades, souvent impossibles d’accès au commun des mortels, même par les kilométriques plages de sable blanc.
C’est donc bien entendu là que la fille de José Serra, aussi, y fait des affaires et y séjourne. Amaury Ribeiro Junior rappelle que Verônica SERRA n’était pourtant, auparavant, qu’une simple assistante commerciale des éditions Abril, géant conservateur de l’information sur papier, jumeau du monstre télévisuel Globo. Jusqu’au jour où elle rencontra, aux Etat-Unis, Alexandre Bourgeois au début des années 90 et l’épousa. Dorénavant propriétaire dans le condominio fermé “Alto do Segredo” de Trancoso, Vêronica Serra est surtout associée de longue date avec la soeur de celui qui fut, il y a peu encore, le plus puissant banquier (Grupo Opportunity et Banco Opportunity) du Brésil, Daniel Dantas, très légèrement hors jeu* en 2011 après d’innombrables “supposés détournements” à “trois chiffres”, en millions de dollars bien sûr, via des centaines d’entreprises, de filiales, de sociétés off shore, de paradis fiscaux, etc. Elle se nomme Verônica Valente Dantas Rodenburg. Précédemment V. Serra avait ouvert une entreprise dans le secteur de l’internet, Decidir.com, pour des enchères virtuelles, qui reçut dix millions de reais en investissements du Grupo Opportunity. Mais le succès ne fut pas au rendez-vous… Elle ne perdait rien pour attendre… Traduisons Amaury Ribeiro:
“Alexandre Bourgeois reprit ses opérations. Il fonde le fonds d’investissements ORB, avec un siège social à Trancoso et un autre à Rio de Janeiro, administré par un groupe duquel il reçoit également son adresse: le fonds Mellon Brascan DTVM (ou BNY Mellon Serviços)** qui fonctionne dans l’immeuble même de la Banco Opportunity, situé Avenida Alvarenga Peixoto, à Rio de Janeiro. Et, par encore une autre coincidence en ce monde criblé de coincidences, le fonds est transféré au contrôle du constructeur civil João Fortes Engenharia - qui en devient actionnaire - lié à la famille du député fédéral Márcio Fortes (PSDB), l’un des collecteurs de fonds pour la campagne présidentielle de José Serra. Coincidence ou non, le constructeur civil - devint, en accord avec la Junta Commercial, actionnaire du fonds en 2010 durant la campagne électorale.”
——-
* “Dantas comprou o Executivo, o Legislativo, o Judiciário e a Imprensa. Comprou o Brasil.” : Paulo Henrique AMORIM, journaliste, en décembre 2011. Traduction de “comprou” = “a acheté”. “Daniel Dantas a acheté le Brésil”.
** Compagnie qui appartient à The Bank of New York Mellon, fondée en 1997 csous le nom de Dreyfus Brascan.

Le mercredi 21 décembre 2011, est organisé un débat, intitulé “A Privataria Tucana e o Silêncio da Mídia” de plus de deux heures, avec l’auteur du livre Amaury Ribeiro Junior, qui fut diffusé en direct pour le réseau internet. Participent au débat un journaliste renommé, Paulo Henrique Amorim, et un député communiste, ex commissaire de la police fédérale durant douze années, Protogenes Queiroz.
Organisé à Sao Paulo, par le Centro de Estudos da Mídia Alternativa Barão de Itararé, entité sociale qui lutte pour la démocratisation des médias et la création d’une presse alternative, dans les locaux du Sindicato dos Bancários de São Paulo (syndicat des employés de banque de São Paulo).
À la date du 22 décembre, plus de quarante mille exemplaires ont été vendus. À Salvador, il est dorénavant disponible dans la librairie Saraiva, située dans le centre commercial Shopping Salvador, dans le quartier Iguatemi.

Salvador Bahia Brésil

Clov a oublié l’échelle. Clov en a oublié la présence, momentanément, en un éclair de temps. Il se ravise, la rejoint et se hisse sur l’une de ses marches intermédiaires. Clov vient tirer le rideau qui obstrue une fenêtre haut perchée, à portée de main, sans même le regarder. Puis Clov, avec ses boots éculés qui raclent et heurtent les aspérités du sol, viendra enfouir son grand torse, et courber ce corps bancal, le plier presque, par deux fois, par les couvercles semi-ouverts de deux énormes barrils. Alors, ses deux rires carnassiers, immémoriaux par leur tonalité unique, qui résonnent, seuls, du fond des barrils, soudainement, seront venus briser le silence, notre silence « très peuplé », ce temps suspendu de ces quinze premières minutes de cette Fim de Partida. « Solitude qui rayonne, vide du ciel, mort différée »*. Le visage de Clov nous apparaît tantôt las, tantôt exténué. Au-delà d’une résignation. Son bras droit, de tant harassé, pend le long de son corps. Courbatu, ce corps. Fléchie, cette épaule droite. Grise, cette peau. Cette épaule droite, comme déboitée, qui semble happer et entraîner son corps tout entier vers le sol. Ce corps, comme une loque déhanchée, qui flotte dans un pantalon élimé, comme pendu à deux bretelles. Déséquilibre du torse. Une vie ténue, semble-t-il. Ce regard qui n’affronte que le plancher. Pour regarder, enfin, la première fois, Hamm, il faudra à Clov attendre, plus loin dans cette journée qui n’en finit pas de s’étirer sous nos yeux, la question du vieil aveugle sur sa chaise : « Pourquoi vous ne me tuez pas ? ». Par les méandres incroyablement subtils de ses gammes d’acteur qui s’ouvrent comme une corolle, Gideon Rosa, qui interprète Clov - le « révélateur » de cette pièce - saura percer l’armure de la vie, deux heures plus tard, et nous mener, quelquefois drôlement, à la canopée qui le délivrera tragiquement. Gideon Rosa, ce minéral taillé dans les perplexités de Clov, qui se faufile subrepticement, devant nous, dans le dédale et l’entrelacs des mots beckettiens, pour affronter le péril de l’Autre, le percer et le vaincre, chaque soir. Oui, Gideon Rosa, une éternelle incandescence ineffable. * in L’Écriture du désastre, de Maurice Blanchot. La traduction de la pièce de Beckett, aux éditions Cosa & Naify est de Fábio de Souza Andrade qui est professeur de théorie littéraire à l’Université de Sao Paulo et auteur de “O Engenheiro Noturno - A Lírica Final de Jorge de Lima” (Edusp). Une grand-mère d’une cousine. Bahianaise et d’une famille aisée. Elle peignait, figurativement. Mais le petit Iuri, dans cet Etat lointain de Bahia, dans le Minas Gerais, à la fin des années soixante-dix, où il vivait avec sa famille, lui accordait une grande attention. Et passait de nombreuses heures à la regarder travailler. Et après son baccalauréat, la direction vers la prestigieuse Escola Guignard, où s’enseignent les beaux-arts, à Belo Horizonte, s’imposa naturellement. Iuri s’adonne, là, studieusement, au figuratif, également. “Je suis un bon dessinateur”, me dit-il en ce milieu de matinée dans les fauteuils de la Galerie de Paulo Darzé. Et Iuri obtient son diplõme en 1992. Il effectue parallèlement, pour se faire la main, de nombreux croquis, comme free-lance, pour de nombreuses fabriques de tissus, comme la célèbre Estufa. Et gagne ses premiers reais ainsi. Puis sa première exposition individuelle vient, dans la galerie de la fameuse troupe de danse, Grupo Corpo, la même année, avec quinze tableaux. Sa situation familiale vient a se modifier, et il prend la route de Bahia, peu après, avec sa mère et ses frères… Il se souviendra pleinement alors des conseils et récits dem la vieille grand-mère… Cette année là, le 1er Salão da Bahia s’ouvre au MAM. Il y présente un portfolio au directeur Heitor Reis, qui choisit trois oeuvres. Par la suite, Iuri sera selectionné par cinq fois dans les éditions suivantes de ce Salão, aujourd’hui disparu de la saison picturale de Salvador. Et il devra attendre sa septième participation pour repartir avec le premier prix. Cette même année ses oeuvres attirent l’attention du galeriste Paulo DARZÉ et se voient également selectionnées pour la premiere édition de la première Mostra nationale Rumos, organisée par la banque Itau. Il organise aussi son premier workshop à São Paulo, et participe de la Bienal do Mercosul. 2002. Il acquiert un domicile et un atelier, dans le quartier de Santo Antônio, au centre historique. Il peut donner alors pleine mesure à son talent certain. Et fréquente énormément le MAM. Et pour cause. Iuri y enseigne les beaux-arts, “plus précisément la peinture moderne, pendant sept ans, aux côtés de plasticiens renommés comme Vauluizio Bezerra et Almandrade”. C’est d’ailleurs là que Paulo Darzé le repèrera. Paulo Darzé lui offre ainsi sa première exposition individuelle, tandis que le Musée d’Art Moderne de Bahia le convie à deux expositions individuelles, les années suivantes. Iuri formera quelques cinquante élèves, dans le cadre enchanteur du Solar do Unhão: “Cette plongée dans l’enseignement sera très formatrice et me guidera vers la Bahia profonde”. Iuri, désormais riverain du centre historique, commence par photographier les azulejos, qui recouvrent les murs et parois internes de tant de vieilles demeures et églises. Puis surtout se fascine pour ces carrés de porcelaine par la “lecture d’un ouvrage d’Udo Knoff, grande figure artistique de Bahia”. “Car cette céramique a de nombreux points communs avec l’imagerie (estamparia) que j’affectionne”. Les tableaux de Iuri ont la chance, à la même époque, de taper dans l’oeil de deux renommés commissaires d’expositions, Marcos Lontra Costa et Tadeu Chiarelli. L’un deux écrira ainsi la préface de son catalogue d’exposition individuelle au MAM. “Je reste passionné par la figure féminine qui vient s’insérer dans l’azulejo” me confie le peintre. “Cela me vient de mon goût pour la mode”, depuis toujours deuxième passion de Iuri, qui dessine de nombreuses robes et habits, exclusivement pour femmes. Mais le natif de Belo Horizonte, qui a un petit magasin pour ses créations de mode, joint à son atelier, ”aime aussi chiner chez les antiquaires de valeur, pour trouver des objets qui ont une histoire”. Ainsi, son travail qui mêle tant d’origines, attira l’attention du plus grand collectionneur brésilien d’art, Gilberto Chateaubriand, qui acheta une création (photo ci-contre) de Iuri. Souvent conclus en moins de vingt jours, la nuit, les minutieuses formes dessinées par Iuri trouvent dorénavant de nombreux acheteurs à Bahia et au Brésil, par le savoir-faire de son galeriste exclusif, depuis quinze années, Paulo Darzé. Son dur labeur, avec ses formats, pour la plupart de 1,70×1,50 et 1,20×2,20, ne laissent que peu de temps libre à Iuri pour voyager. Il fut pourtant cinq fois à Paris, tentant là de se signaler avec ses quatre cents croquis méticuleusement archivés, aux couturiers, comme Dior. Pour l’instant sans suite. Mais cette dernière année 2010 l’aura vu participer d’une exposition collective d’artistes bahianais, à Rueil-Malmaison, qui eut un certain retentissement. 2009 l’avait vu exposer à Porto et à Lisbonne, pour une mostra également collective. Iuri aime, lors de ces voyages d’invitation, s’insipirer :”Toujours, Monet, Basquiat, Man Ray, sont des références. Et je n’hésite jamais à passer de longues heures, surtout à Paris, pour des files d’attente, pour admirer ces maîtres!”. La France croise son chemin, souvent. Ainsi, lors du vernissage de son exposition à Salvador, en 2009, la photographe Sophie Calle (photo ci-dessus) ne choisit-elle pas une robe de Iuri ? Une commissaire d’expositons, française, Juliette Singer, l’a également récemment rencontré chez Paulo Darzé. Et Iuri lui a donné son portfolio, et reste dans l’attente d’un “lendemain” parisien. Qui sait? Une histoire d’amour, dirons-nous. À Salvador, il était « bel homme » et acteur de théâtre, Moisés Augusto. Et Sylvia, fille de banquier, voulait produire des émissions pour la télévision. Une rencontre, donc. Elle administrerait. Il produirait. Avec, autour d’eux, un cercle d’amis, qui vit les premiers bénéfices de la fin de la dictature militaire, qui se forme… Ils s’appelaient déjà Pola Ribeiro, alors jeune cinéaste, et toute la génération des « Lumbráticos ». Le projet télévisuel ne trouva de débouchés, mais personne ne baissa les bras… La publicité et les campagnes de communication gouvernementales et politiques en étaient encore à leurs balbutiements, dans la très provinciale Salvador. Ce serait donc « la niche et le choix » de Truq : une agence de publicité. Le frère de Pola, Zezéu Ribeiro, modeste candidat d’opposition aux conservateurs, souhaitait devenir maire de Salvador… Coup d’essai et coup manqué. Mais le virus politique est pris. Années d’opposition que ces années 90. L’équipe du baron Antonio Carlos Magalhaes dirige Bahia. Rien de mieux pour focaliser l’attention de ses adversaires politiques, prinicipalement du PT, avec une structure de communication très professionnelle. Premiers équipements Umatic en 1988. Des bureaux dans les quartiers de Iguatemi puis de Ondina, avant d’acquérir une maison à Rio Vermelho en 1991. Jusqu’en 2002, sortiront de là plus de cent films produits, entre les Etats de Bahia et du Ceará, pour des campagnes électorales de tous bords politiques. Tournés en 16mm ou en 35mm, aux coûts souvent exorbitants, ils permettront des bénéfices. Jusqu’à trente personnes, autour de six lignes de montage, formeront l’équipe de Truq. Avec ces bénéfices, l’équipe menée par S. Abreu pourra réinvestir dans la production de courts-métrages des amis des fondateurs, comme Eteros, le premier de Fernando Beléns. Et déjà des scénarios de longs-métrages qui s’empilent sur le bureau de Sylvia… Mais Truq « n’emprunte jamais aux banques, pour financer ses projets », comme me le confie Sylvia, ce mardi 26 janvier 2011. Spécificité bien bahianaise, dirons-nous, assez stupéfaits. « Conseil d’un ex-banquier à sa fille », dira Sylvia. Elle s’appuie donc sur des appels d’offres (editais) nationaux ou locaux et complète par des investissements de Truq. Ainsi, pour produire 3 Historias da Bahia, Truq « a mis au pot cent mille reais », pour un budget total de cent quarante mille reais. Le projet était, après son tournage, resté deux ans bloqué sans aucune post-production… Mais les publicités pour le gouvernement conservateur, via un contrat avec la plus importante agence privée de publicité de Bahia, auront permis de renflouer le secteur cinéma d’auteur de Truq. Ce qui n’empêche pas Truq de continuer de travailler pour les campagnes électorales individuelles de tel ou tel candidat du PT. Les projets cinéma peuvent alors se concrétiser. Souvent avec des mécènes privés, tel l’empire pétro-chimique Copene (aujourd’hui Braskem) qui aura mis 300.000 reais pour le superbe documentaire Samba Riachão, de Jorge Alfredo**, qui remporta, ex aequo, en 2004, le Festival de Brasilia, la plus importante compétition brésilienne. Ou bien encore la chaîne de supermarchés Bompreço, qui investit, en 2001, l’essentiel nécessaire à la production de Esses moços de Araripe. Ainsi, depuis 2001, Truq a produit six longs-métrages. Ironie de l’Histoire économique de Truq : lorsque le gouverneur, issu du PT, remporta les élections en octobre 2006, après vingt ans loin du pouvoir, son équipe administrative choisit… une autre agence de publicité. E. Navarro et S. Abreu / photo Calil Neto Les équipes techniques sont formées dorénavant, et les techniciens ne manquent pas : « cela s’est vraiment amélioré à Bahia ». Sylvia Abreu reçoit entre quatre et six scénarios de fiction par an. Tous les films de Truq ont été post-produits au Brésil, une obligation de la loi brésilienne, sauf Pau Brasil, dont les montages son et image ont été effectués en Allemagne*. Pour le budget de la production en cours, O Homem que não dormia, le long-métrage de Edgard Navarro, sur le total prévu de 4 millions de reais, Sylvia n’a pu trouver, en ce mois de février 2011, que 2,5 millions. Commencée en 2007, la production et post-production ne verra son terme qu’au cours du deuxième semestre de 2011, moment probable du lancement du film. La productrice ne « regarde pas les films en DVD », car Salvador lui semble « une ville privilégiée par le nombre de salles et l’offre de films ». Bien sûr, elle sait « la domination du cinéma américain dans les salles brésiliennes, mais le problème de la distribution est mondial ». Consciente que « la langue portugaise gêne, dans un environnement globalisé, la production de films », la productrice sait aussi que le caractère « humaniste » de la filmographie de Truq lui permet une identité et un respect sur le marché brésilien. Mais elle n’a pu attirer jusqu’à aujourd’hui de co-producteurs, français par exemple, car « ils veulent, logiquement, interférir » dans le projet et « cela modifierait totalement l’esprit et l’identité des projets que nous montons habituellement ». Mais lorsque sa directrice de production Mme Grasi rappelle combien « il n’existe aucun marché du profit cinématographique » au Brésil, nous ne pouvons qu’acquiescer. Cela n’empêche pas Sylvia Abreu d’être réaliste quant à la vocation du cinéma, « une diversion pour le peuple et en aucun cas, pour ces masses, un art ». Car, selon elle, « le pays est jeune, c’est un problème d’éducation, car Bahia est très riche culturellement, mais le Brésil est un pays où la population a peu d’accès aux arts en général, à cause du faible niveau de l’éducation de base et par le fait qu’il soit récent comme nation, sans la tradition millénaire de l’Europe». Alors, « oui, aux USA, il est possible de faire et d’investir dans l’art, un art populaire fort, car le pays est plus riche, bien que jeune nation », tandis qu’au Brésil, malgré tout, « Globo est un bénéfice pour le cinéma national ». Sylvia s’insurge contre le fait que quelques cinéastes bahianais talentueux ne puissent concourrir à des appels d’offres, par leur statut de fonctionnaires - blocage législatif qui n’existe pas à Rio de Janeiro ou à São Paulo - comme Joel de Almeida. En attendant la « venue au monde » de l’Homme qui ne dormait pas, nouveau long-métrage d’Edgard Navarro, Truq produit un documentaire, Arredores (”Alentours”) sur les communautés alternatives qui vivent à l’année dans la Chapada Diamantina, autour de la municipalité de Capão. Après deux semaines de tournage en septembre 2010, la petite équipe, avec ses caméras Full HD, de haute définition - Red One, s’apprête à y re(tourner) cette deuxième quinzaine de février 2011. Date de lancement : « só Deus sabe ! » * Par l’entremise amicale du monteur Peter Pryzgodda et de son ami André et sa société 40o graus, à Munich. ** Nous proposerons bientôt une longue interview de Jorge Alfredo Guimaraes, recueillie cette première semaine de février 2011. Catalogue de Truque Produtora de Cinema TV e Video Ltda: Mr. Abrakadabra, 1996 (c. métrage). A mae, 1998 (c. métrage). Radio Gogo, 1999 (c. métrage). Pixaim, 2000 (c. métrage). 3 Historias da Bahia, 2001. Samba Riachão, Jorge Alfredo, 2001. Esses Moços, José Araripe Jr, 2004. Eu me lembro, Edgard Navarro, 2005. Pau Brasil, Fernando Bélens, 2009. O Homem que não dormia, Edgard Navarro, 2009. L’année qui figure ici est l’année de production et de tournage, et non pas l’année de lancement. 1962. Florival, dix ans d’âge, coupait déjà des parallèpipèdes avec son père. « Mon père me montrait le bois et le travail du bois, mon premier travail, en 1964, s’effectua avec un petit tronc d’umburana » Où ? À Riachão do Jacuipe, petit monde rural, d’alors 3.000 habitants, à cent-quatre-vingt kilomètres au nord de Salvador. Par sa mère, fille de vacher, et par son père, Florival a toujours eu, ainsi, une proximité d’initiation « avec le contexte des parcs à bestiaux et l’art d’élever le bétail ». Surtout dans cette région du sertão, au sol salin, qui « est notre réalité, plus précisément l’agreste, le semi-aride, la région de la Vale do Jacuipe, qui rejoint plus loin le fleuve Paraguaçu ». Le grand-père est fermier et vacher, « Antônio da Boa Sorte », qui donne le nom de la propriété familiale, et a déjà une voiture. Tandis que le père, Florival Carvalho, géographe, qui fut élève dans les années 40 d’un peintre renommé - Presciliano Silva - aime également photographier et a monté son propre sudio, en 1975, dans la propriété familiale. « Mon père organisait l’espace pour son travail et j’étais impliqué dans toutes les manifestations d’artisanat ». Dans la bibliothèque de son paternel, il est fasciné par les revues d’art, qu’il dévore, et par « l’expression des visages dans les reproductions de tableaux de Modigliani ». Très curieux, il y passe des heures, entre autres avec la revue Habitat. L’atmosphère villageoise s’étire entre artisanats - cuir, bois - et traditions populaires : cinéma en plein air, cirques, philarmonies, repetentistas, tziganes, animent les fins de semaines de Florival. Un film se tourne dans les alentours du village, « O Caipora », de Oscar Santana, en 1963; bien sûr, Florival se rend sur le tournage : « le contexte dramaturgique du film présentait de grandes similitudes avec notre contexte culturel et celui qui n’avait pas les clés de ce contexte était exclu de la société ». Alors que son père a quitté ce monde en 1972, Florival arrive à Salvador à l’âge de 23 ans. Années de dictature. « J’ai expérimenté, là, toutes les possibilités de l’art ». Moments de lutte étudiante aussi. Et Théâtre au Goethe Institute (ICBA) - où il connaît le cinéaste Araripe et toute sa génération, dont la future directrice du MAM, en 2007/2010, Solange Farkas, alors jeune attachée de presse du festival de cinéma Jornada ou bien encore le producteur de cinéma Zelito Vianna - « mais j’étais intraverti et je parlais très peu ». Dessin à l’Escola de Belas Artes de l’université fédérale, où il rencontre un moniteur qui l’emmène faire des dessins de modèles, et « là, j’ai compris le geste, l’action ». 1978, donc. Florival montre une grande habileté avec le dessin, mais continue parallèlement des gravures, la photographie, et d’aller au cinéma. » La personnalité et le travail d’Hélio Oiticica - alors quasi inconnu dans cette Escola de Salvador - le fascinent et Florival travaille et créée des œuvres à partir de feuilles de journaux. Quelques années plus tard en 1986, il fera une exposition individuelle à l’ICBA, avec cette matière. Avec tous ses amis , le moment est toujours à la lutte contre la dictature, via le mouvement étudiant. Le congrès national de l’union nationale des étudiants (UNE) a lieu à Salvador en 1979. Souvenir fort pour Florival, pour toutes les amitiés soudées là. Et la joie de voir défaite l’armée… De 1980 à 1985, viendront l’étude approfondie de la gravure lithographique, de la gravure sur métal, puis de celle sur bois. Mais Florival veut alors surtout « revenir au passé, à la réalité rurale, où vivent les noirs, les blancs, les métis, les indiens » et « rencontrer une réalité nébuleuse ». L’artiste sait qu’il s’est « forgé » là, à Riachão do Jacuipe. Et souhaite ardemment « se concrétiser, s’affirmer avec ces questions, frontalement ». Ce début des années quatre-vingt le voit intégrer l’équipe de professeurs du Musée d’Art Moderne, grâce à des amitiés construites durant ce moment de lutte. L’y côtoient comme enseignants, déjà, les artistes Almandrade, Vauluizio Bezerra, Caetano Dias… L’année 1988 le verra enseigner son art, volontairement, à la prison de Salvador - Lemos de Brito, dix semaines durant. Dans le cadre d’un projet - Teje Solto - dirigé par Antonia Adorno. De retour chez lui, il peindra, en 1989, parmi d’autres tableaux, «A viagem de uma morte matada », à partir de la technique tempera*. L’ensemble sera exposé à l’ICBA en 1993, et Florival enverra un book photographique de cette mostra en France, pour des galeristes. Sans suite. 1991… Trente ans après, il reprend la sculpture sur bois, et s’évertue « à creuser, à retirer la matière ». En 1993, une exposition à la galerie de l’école ACBEU avec 21 sculptures des trois dernières années, ainsi qu’une autre exposition dans le terreiro de candomblé Ilê Axé Opo Afonja, naîtront. « Travailler avec la gouje, le marteau » le fascine chaque jour un peu plus. Parallèlement à l’enseignement, Florival étudie de nouvelles techniques, telle le tempera*, 11 tableaux seront exposés au début des années 2000, encore à l’ICBA, lors de l’exposition collective « A pintura baiana ». 2002. Le galeriste Paulo Darzé croit en Florival et devant la « majestuosité » de ses œuvres, les intègre à son fonds. Il lui offre ainsi une place sur le marché de l’art brésilien, et depuis lors, Florival fait partie de la petite demi-douzaine d’artistes sous contrat permanent avec la galerie Darzé. Année 2007. La direction du MAM change, et la nouvelle directrice, Solange Farkas, nommée par le nouveau secrétaire d’Etat Marcio Meirelles, décide de licencier douze des dix-huit professeurs… Florival retrouve, ainsi, son Riachão de Jacuipe… Mais la passion pour la sculpture n’est en rien altérée, dopée par ses ventes via la galerie Darzé. « Vous prenez le chaos et vous l’organisez ». « Cela donne la Meia Lua. Etudier la brûlure du sisal permet d’entrevoir des structures pour le chanfrein», me confie Florival. « C’est une autre réalité artistique, avec le principe de la demi-lune et cela renvoie aux hélices de barrils, de canots, d’arcs. » Pour « rencontrer la projection de ces formes » Florival Oliveira remarque qu’il est possible d’ «effectuer une lecture du travail de l’artiste, ainsi, par les mathématiques, la physique, à travers la forme ». * Poudre mêlée à du pigment, travaillée à sec, à laquelle se superpose une couche de colle. L’artiste dispose alors des journaux sur l’ensemble et les retire.

Un pont, vraiment pour “sauver” l’île d’Itaparica ? Ilê Salvador Bahia Brésil

À Bahia, pour sortir du chaos social et du marasme économique l’île d’Itaparica et ses habitants, le projet de construction d’un pont, par le gouvernement, vient, à point nommé, diviser les opinions. La croissance ou la fossilisation, tels sont les enjeux, à l’orée de l’élection d’un nouveau gouverneur. Qui laissera, quel que soit l’élu, la part belle au secteur immobilier privé mondialisé, fossoyeur d’une bonne partie de Salvador.
Les habitants de l’île d’Itaparica, dont le cadre somptueux et tropical est pourtant flagrant, affrontent chaque jour un peu plus les conséquences d’un non-développement. Santé, éducation, sont des secteurs qui vont à vau-l’eau dans l’île. Sans même parler d’entreprises, simplement inexistantes en dehors du Club med, des commerces de proximité, d’une école privée, de deux supermarchés et d’un hypermarché, de quelques revendeurs de matériel de construction, d’une société d’assurance, des organismes publics exsangues et désuets, et de quelques dizaines d’entreprises individuelles dans le secteur des services. Fleurissent les emplois informels, le jardinage improvisé, la pêche « à la bombe », et le dénuement, dans et hors les deux principales villes, est flagrant. L’analphabétisme perdure. Les routes ne sont plus que cavités, les vols et cambriolages se multiplient et seuls de très rares occupants de maisons de vacances se risquent un mois par an, méfiants. Une cinquantaine de milliers d’îliens sont pourtant partie intégrante de ce décor. Mais plus aucune famille de classe moyenne n’habite l’île d’Itaparica, et ce depuis 1999/2000. Le transport inter-urbain est assuré par de petits vans, privés et hors d’âge, qui traversent l’île, longue d’une quarantaine de kilomètres, en une heure au moins. Viendra alors pour l’éventuel volontaire, la traversée en ferry-boat, vers Salvador. Une heure à rajouter, sans compter l’éventuelle attente au guichet… Au 1er janvier dernier, la file de voitures en attente du ferry dans l’île s’étendit pendant dix heures. Puis le transport inter-urbain à Salvador, à prévoir, aussi… Ce ferry-boat, privatisé depuis une quinzaine d’années par les gouvernements conservateurs qui se sont succédé, est lent, mal entretenu, mais n’est pourtant que l’une des conséquences d’absence totale d’investissements publics ou d’une planification du potentiel touristique. Le gouvernement actuel ne souhaite investir les deux cent millions de reais (quatre-vingt millions d’euros) nécessaires à la modernisation totale des ferry-boats, et encore moins les réintégrer au service public de transport. À cela, il faut ajouter la sous-traitance généralisée et adoptée, sans contrepartie de cahier des charges, par l’ensemble de ces entreprises privées de transport. Après l’installation du Club Med, au centre de l’île à la fin des années 70, les gouverneurs successifs ont décidé d’investir et de valoriser pour les touristes la côte nord de Salvador, sur le continent, au détriment de l’île. Des calfeutrages sociaux, parsemés dans l’île, n’y changèrent rien, vingt ans durant. Travailler à Salvador et vivre à Itaparica, ou vice-versa, se révèle donc tout simplement impossible en 2010.
Un débat, relancé par le gouverneur actuel de l’Etat de Bahia, voudrait imposer l’idée d’implanter un pont gigantesque, « qui amènera la modernité » entre Salvador et Itaparica. M. Wagner (PT, Partido dos Trabalhadores) a reçu, tout d’abord, le 26 janvier 2009, un document émanant d’un contructeur civil de Bahia, OAS, lui demandant une autorisation formelle pour effectuer, à ses frais et à ses risques, les études nécessaires pour un projet de route large qui lierait l’extrêmité de l’île, au sud, Ponte do Funil, et qui serait dupliquée en largeur jusqu’à l’extrêmité de l’île d’Itaparica, au terminal maritime de Bom Despacho, face à Salvador. Et impliquerait automatiquement la construction d’un colossal pont - à péage - pour prolonger ce système routier. Puis M. Wagner a remis, le 24 mars 2009, au président de la République LUiz Inacio Lula da Silva un projet de ce pont.
Le projet du gouvernement et des constructeurs - qui refusent toute étude d’option ferroviaire par la voie continentale - prévoit également de doubler la route qui pénètre vers la province, au-delà du petit pont existant installé au sud de l’île. Cet ensemble routier (”sistema viário oeste”) n’aurait pour but que de permettre aux gigantesques fermes situées à l’extrême ouest de l’Etat (à 1000 km, dans la région des villes de Barreiras et de Luiz Eduardo Magalhaes) de transporter leurs récoltes de l’agro-industrie (soja, fruits, café, etc.) dans des conditions ‘modernes’, par route.
Le constructeur suggère un nouveau plan d’occupation des sols (PDDU) pour l’île, qui devrait être approuvé par les deux conseils municipaux présents sur l’île. Il propose l’implantation de quatre nouvelles zones (24,3% de l’île) avec des golfs, des resorts, des lotissements sécurisés (condominios), une nouvelle marina et un centre pour l’industrie navale.
Ce projet prévoit que le pont Salvador-Itaparica mesure 12 kilomètres de long, avec huit pistes, dont deux exclusives pour les camions, et soit d’une hauteur de 90 mètres. Le pont serait fini pour 2013, avant la Coupe du Monde de football qui a lieu en 2014, entre autres villes, à Salvador. Le coût estimé est de 2,5 milliards de reais (environ 1 milliard d’euros), dont 40% serait à la charge du privé, le reste réparti entre l’État de Bahia et le Brésil. Il est à noter que le superintendente du Plan Stratégique du Secrétariat du Plan de l’Etat de Bahia (SEPLAN), Paulo Henrique de Almeida, nous a déclaré en avril 2010: « L’État a peu ou pas d’argent. Les constructeurs civils et les banques qui se proposent de construire ces infrastuctures gigantesques comme ce pont exigent une contrepartie obligatoire : l’implantation de constructions de tours, de shopping centers, de golfs, de resorts, de maisons, modernes, dans les proximités de la route qui traversera l’île. En effet, ces grands groupes capitalistes sont tous liés au capital immobilier. Nous n’avons pas le choix. »
Malgré cette possible venue de la «modernité» dans l’île, la majorité de la population, devant son horizon de misère qui perdure, est en faveur de la construction du pont. Quatre prétendants à ce chantier sont sur la ligne de départ. Le premier consortium est formé de OAS, Odebrecht e Camargo Corrêa*. Le second, par AGR Estruturadora de Projetos et Albino Advogados Associados. Le troisième par Serveng Civilsan S.A.. Tandis que la quatrième proposition a été déposée par Planos Engenharia également poids lourd de la construction civile à Sao Paulo. Ces propositions seront examinées par un groupe de travail, créé par décret par le gouvernement de Bahia, et formé de représentants des six secrétariats d’Etat de Bahia concernés. Il sera ainsi choisi, le 14 juillet 2010, quel constructeur ou consortium élaborera les études préliminaires d’impacts. Dans le meilleur des cas, la construction devrait commencer au milieu de l’année 2011.
Contre le pont
Il est à noter que des personnalités, parmi des centaines d’anonymes, ont initié et signé, dès février 2010, un manifeste contre le pont dont le chanteur Chico Buarque, le cinéaste Carlos Diegues, et les romanciers Joao Ubaldo Ribeiro** et Milton Hatoum, Leurs critiques apontent la dégradation d’une partie de la faune et de la flore, et la disparition, à terme, du caractère bucolique de l’île. Les signataires voient également des atteintes majeures à l’environnement marin pendant la construction du pont, et une vision définitivement altérée et obstruée de la beauté de la Baie de tous les saints. Et estiment que ce nouveau pont sera embouteillé en permanence, vu l’absence d’organisation des routes et du trafic à l’arrivée à Salvador**. Avant d’affirmer que les lotissements-condominios créés dans l’île ne seraient que les jumeaux de leurs semblables, au nord de Salvador (Lauro de Freitas, Camaçari), utilisés une fois par an, et ne favoriseraient qu’une spéculation immobilière vaine.
Rebondissement ? Contre toute attente, ce 18 mai dernier, en réunion publique avec des entrepreneurs, Emilio Odebrecht, décideur tout-puissant du groupe sus-cité, déclarait : “Je suis sceptique. Je n’y crois pas. Je crois que nous avons d’autres alternatives qui conviennent mieux, comme une route par Candeias**** ». Tandis que le 31 août 2010, le gouverneur de Bahia redevenait volontariste: ”Le projet de la construction du pont sera prêt en novembre, et le chantier va intégrer l’économie de la capitale et du tourisme dans l’île et dans la région Baixo Sul, gérant ainsi un modèle de développement durable” À cette occasion, jaques Wagner a également rappelé que le but était “de réduire, au maximum, les dépenses publiques, de Bahia comme du pays”. E le gouverneur de conclure qu’il fallait que Bahia “pense en grand, car Bahia est la septième économie du Brésil”.
Alors, en ce mois de septembre 2010, Bahia reste toujours dans la plus totale expectative : l’effet d’annonce ne semble plus électoral mais semble donner encore plus, scandaleusement de la part d’un homme qui devrait diriger “pour tous”, de lattitude au secteur privé et à ses empires, déjà destructeurs de la quasi totalité des paysages humains et marins de Salvador, durant les trente dernières années.
* Entreprises qui font partie du consortium qui construit actuellement le métro de Salvador. Métro qui, en septembre 2010, attend toujours sa conclusion, depuis… 1999. Les plus optimistes parlent de janvier 2011 pour la première série de tests, sur rails.
** Natif de l’île, présent chaque année et auteur d’une œuvre majeure, dont le roman « Vive le peuple brésilien » qui a pour cadre cette île d’Itaparica.
*** La ville de Salvador, l’Etat de Bahia et l’Uniao (le Brésil dirigé depuis Brasilia) ont en effet des projets différents et absolument non concertés, voire opposés, pour le port de Salvador.
**** Candeias est une municipalité continentale où sont regroupés d’autres fabriques, toute une zone de chantiers pétro-chimiques, et une infrastucture modulable pour l’avenir. Il est bon de rappeler qu’en 1980 la même Construtora Norberto Odebrecht avait présenté une maquette d’un pont pour relier Salvador à l’île. Mais le gouvernement de l’époque ne le souhaita pas car Odebrecht exigeait d’exploiter le péage pour une durée de 25 ans…

Ainsi, le gouverneur de Bahia, Jaques Wagner, du Parti des Travailleurs (PT) a choisi de traiter par le mépris la pétition* initiée par le grand romancier brésilien, natif de l’île d’Itaparica, et présent là chaque année, Joao Ubaldo Ribeiro, pour dénoncer un projet pharaonique, démagogique, d’un pont de treize kilomètres de long, à construire entre le continent (Salvador) et l’île d’Itaparica.
Ainsi, ce post d’aujourd’hui vient officiellement lancer une longue série d’interventions pour dénoncer les collusions au coeur de ce projet - appel au crime contre l’écologie - d’infra-structure voulu par le pouvoir, projet démagogue, pouvoir complice des élites conservatrices qui ont mené, sciemment, l’Etat de Bahia à la dérive urbanistique ces quarante dernières années, sous la houlette de Antônio Carlos Magalhaes. En premier lieu, les entreprises OAS et Odebrecht, déjà évoquées dans ce blog. Sans oublier l’architecte, Ivan Smarcevscki, lié aux barons arrogants du Yatche Clube da Bahia.
Nous publions, tout d’abord, le texte, essentiel que nous avons également traduit, paru le 26 janvier 2010 dans le quotidien A Tarde, de l’écrivain João Ubaldo Ribeiro, pour dénoncer ce projet. Puis, jour après jour, nous** essaierons, donc, de dénouer ce qui se trame, orchestré par des élites, au mépris d’une géographie, d’une histoire, d’un peuple îlien, et tout simplement d’une âme.
Adieu, Itaparica
Comme tous les ans, je suis venu à Itaparica, pour passer mon anniversaire dans mon pays, dans la maison où je suis né. Maison de mon grand-père, coronel Ubaldo Osório, qui fit, durant sa vie, un peu plus qu’aimer et défendre l’île et ses habitants. Depuis, beaucoup fut fait pour les détruire, physiquement ou culturellement et une nouvelle tentative a lieu. Il s’agit de la construction annoncée d’un pont depuis Salvador jusqu’ici. Ceci est qualifié, par ses idéalisateurs, de progrès.
Je connais ce progrès. C’est le progrès qui a réduit à néant le commerce local ; qui a détruit les saveiros* qui faisaient du cabotage dans le Recôncavo ; qui après les saveiros a joint la disparition des marins, des maîtres charpentiers, des fabricants de voiles et de toute l’économie afférente ; qui vient transformer les villes brésiliennes, y compris et de manière marquante Salvador, en ensembles modernes de lotissements-gratte-ciel et centres commerciaux acculés par la violence criminelle qui se répand où que nous soyons retranchés, îles desquelles on sort seulement en automobile, au milieu d’avenues arides et désertes.
Je connais également les arguments hypocrites de ceux qui proposent le pont, avides serviteurs de Mamon, oints en entrepreneurs socialement responsables. En vérité, les moins ingénus le savent, ils se basent sur des prémisses inacceptables, tels qu’une vision superficielle, matérialiste et liée sans limites non seulement avec le capital spéculatif, qui en finit déjà avec les mangues dans le Recôncavo, comme celui qui investit ici utilisant les mêmes standards appliqués à Pago-Pago ou en Jamaïque. La culture et la spécificité locales sont violentées et prostituées et le progrès arrive à travers la batardisation de toute la véritable richesse des populations ainsi atteintes.
Les statistiques sont un autre instrument de ces flibustiers du progrès qui en notre milieu abondent, entre les concurrences publiques de dupes, les surfacturations, les embrouilles immobilières et les détournements de fonds. Mais ces statistiques, même quand elles sont fidèles aux données liées, pâtissent de présupposés questionnables. Cela fait revenir à l’esprit ce que quelqu’un a déjà dit sur la statistique, la définissant comme l’art de torturer des chiffres jusqu’à ce qu’ils révèlent n’importe quoi. Et ils révèleront, c’est sûr, car Mamon est fort et était sur la cime de la vague.
Mais ils ne montreront pas que ce progrès est en réalité l’une des faces de notre retard. Retard qui transmutera Itaparica en un point d’autoroute, au milieu de resorts, de terrains de golf et de lotissements pour vacanciers d’été, une pathétique Miami du pauvre. Et qu’au lieu de valoriser notre tourisme, le standardise et le stérélise, tuant en même temps, car économiquement inviable, toute la richesse de notre culture et notre Histoire. Qui n’est pas non-informé sait cela. Pour ne pas commettre ce type d’attentat, c’est ainsi, qu’à Paris, par exemple, il n’est pas autorisé d’ouvrir l’ouverture de supermarchés là où cela peut affecter le commerce traditionnel.
Encore moins, à Venise, les gondoles ne furent substituées par des modernes chaloupes. Dans un pays non soumis à ce viol socio-économique et culturel, les saveiros seraient subventionnés, les anciennes professions, l’artisanat et le petit commerce aussi. Excercant la vocation touristique de toute la région, nous aurions raison de nous montrer avec tant de fierté quand un étranger nous rendrait visite. Mais notre destin semble d’accentuer infiniment la vision qui entrevoit en nous un pays de drinks imitant des jardins, de danses primitives, de tenues légères et de filles faciles.
Adieu, Itaparica de mon cœur, adieu, racines qui resteront seulement dans un mur écroulé, dans le gasouillis affligé d’un sabiá** survivant, sur le parvis d’une petite église vulnérable préservée par miracle, dans le parler, d’ici peu perdu, des mes contemporains de la contracosta. Je sais où me mettront ceux qui veulent le pont et n’osent dire qu’ils sont seulement attirés par l’argent, d’où qu’il vienne et peu importe comment. Je connais les polysyllabes sonnantes et trébuchantes qui donnent du travail, je connais la syntaxe américo-canaille dans laquelle les exposés sont rédigés et probablement pensés, comme il convient aux bons colonisés, j’ai déjà entendu tous les verbes terminés en « izar » avec lesquels ils donnent autorité à leur discours. Il est bien possible que le pont soit vraiment construit, mais, au moins, je ne trahis pas mon vieux grand-père.
João Ubaldo Ribeiro
depuis l’île d’Itaparica
* Bâteaux en bois du Nordeste qui assuraient l’essentiel des transports de marchandises, sur les fleuves, avant l’industrie automobile.
** Petit oiseau, immortalisé dans la merveilleuse chanson de Antônio Carlos Jobim.


Hitorique Salvador Bahia Bresil

Traditionnellement, depuis le milieu des années 1920, le lundi du Carnaval, sur l’un des circuits du Carnaval de Salvador - dont nous n’avons évoqué encore l’édition 2012 alors qu’il se termine dans la nuit de demain mardi à après-demain - s’effectue un regroupement d’abord festif et déguisé, mais aussi irrévérent, revendicatif, sur un ton résolument jovial de protestation progressiste, dans le quartier de Garcia qui borde la place de Campo Grande, axe central de la Folia.
D’où son nom, Mudança do Garcia. La Mudança (changement) a pour mode d’être l’espace le plus démocratique, inversant totalement l’espace ségrégationnel et standardisé à l’infini qu’est devenu le Carnaval, surtout depuis plus de vingt-cinq ans… Comme l’on dit ici, participe à la Mudança do Garcia “qui le veut et de la forme qui lui plaît”.
La Mudança 2012 se termine au moment de ces lignes ! Viva a Mudança do Garcia !

Newton Sobral est journaliste. Il a travaillé, depuis le début des années soixante, dans tous les quotidiens de Bahia: Tribuna da Bahia, Jornal da Bahia et A Tarde. Il est également professeur et poète. Avant le coup d’état militaire, en 1964, il était vice-président de l’União Brasileira dos Estudantes Secundaristas (UBES). Il fut également assistant de l’architecte Lina Bo Bardi, qui fonda le Museu de Arte Moderna da Bahia. C’est un homme de gauche, indigné par les agissements et l’ère du Partido dos Trabalhadores (PT) au pouvoir. Cette chronique, traduite par BF, a été publiée en page 3 du quotidien A Tarde, le jeudi 25 août 2011.
La manifestation pour comémorer les douze ans - depuis la date exacte de la publication de l’appel d’offres - de “l’inexistence” du mini métro de Salvador, réunie, le 11 août 2011, avec ses infimes deux cents manifestants dans l’Avenida Bonocô, vient à la rencontre de la critique du journaliste Juan Arias, correspondant du journal espagnol El País, quand, dans un récent article, il demanda: où sont les indignés du Brésil qui n’occupent pas les places pour protester contre la corruption et le manque d’étique des hommes politiques ? Regardez bien : seulement après douze longues années, par l’initiative de l’étudiant Cicero Cotrim, seize ans, qui utilisa le réseau virtuel Facebook pour régimenter les manifestants, quelqu’un descendit dans la rue externer le sentiment de honte des bahianais pour ce métro short.
Avec sa remarque, Arias accuse, sans le savoir, le processus d’accomodation au gouvernement du Partido dos Trabalhadores (PT) d’institution comme l’União National dos Estudantes (UNE), le Movimento dos Sem Terra (MST) et les centrales syndicales qui, dans un passé pas si lointain, étaient l’avant-garde des luttes revendicatrices, les emmenant sur les places publiques. Et comme n’existent pas de mouvements populaires sans leaders, avec la reddition de ces représentants, manque quelqu’un pour ouvrir les yeux du peuple.
L’UNE, par exemple, venue de mémorables campagnes politiques, comme lors de la lutte pour la redémocratisation du pays après la dictature militaire, s’est pratiquement vendue, aujourd’hui, au lula-petismo pour presque cinquante millions de reais pour construire un siège nouveau. Le MST, financé par le gouvernement, et les syndicats, bénéficiés par un veto de Lula, les exemptant de rendre des comptes au TCU* des gigantesques fonds issus de l’impôt syndical, suivent le même chemin.
Le PT a coopté l’avant-garde des masses dans tout le Brésil. Pire encore: il les a mises à son service dans des situations dégradantes, à l’exemple de l’UNE quand elle défend la corruption, se joignant à la thèse selon laquelle le scandale du “mensalão” n’était rien de plus qu’un “coup d’état des médias”.
Le mouvement étudiant à Bahia, assez combatif dans le passé, suit l’exemple et n’est plus le même. Nous allons tout faire pour que l’initiative de Cicero Cotrim fasse renaître les brios d’une classe dont l’action indépendante a beaucoup contribué pour que le Brésil puisse arriver au niveau d’une démocratie en développement.
* UNE: seulement tropis bahianais, dont deux venus de classes sociales privilégiées, en plusieurs dizaines d’années d’existence, en furent présidents, à la fin des années soixante-dix. Javier Alfaya (Francisco Javier Ulpiano Alfaya Rodrigues), architecte diplômé à Salvador, né en Espagne, fut longtemps député communiste (PCdoB) de l’État de Bahia. Ruy César Costa Silva dirige une école privée et suit une carrière de producteur culturel. Orlando Silva de Jesus Júnior, noir et d’origine très pauvre, venue de la lointaine périphérie de Salvador, a dirigé l’UNE de 1995 à 1997. Il est actuellement ministre des Sports, à Brasilia.
** Cour des Comptes Fédérale.

7 juillet 2011. Le nouveau devis de la construction du Métro, dont le Département d’Ingénierie de l’armée du Brésil avait reçu commande en février 2010, n’est toujours pas livré à la mairie de Salvador. Selon le secretário municipal da Infraestrutura, José Mattos, l’armée a des difficultés pour connaître le prix de pièces importées. La grande muette a promis de remettre le document avant la fin du mois de juillet. Le maire de Salvador et le secretário municipal da Casa Civil, João Leão, avaient pourtant voyagé jusqu’à Brasilia, mardi soir, pour recevoir le document, effectué par des militaires ingénieurs… Ils sont revenus bredouilles.

Le chantier du métro de Salvador n’a pas avancé d’un pouce. Onze ans…
Mais certains ne restent pas inertes. Invepar, société d’économie mixte*, propose une idée d’une première ligne de métro aérien, qui viendrait traverser l’Avenida Vasco da Gama, une seconde ligne qui traverserait l’Avenida Garibaldi, une troisième irait au long du littoral… Pourquoi pas? Voyons donc ici :

Information Salvador Bahia Brésil

La rénovation du quartier de Santo Antônio Além do Carmo, promise par l’héritière, femme d’affaires et spéculatrice Luciana Rique, nouvellement épouse Moreno, s’éloigne de jour en jour. Le chef executive officer (CEO) de la holding LGR, Dorival Regini Andrade (photo en vignette, droits réservés), vient en effet de démissioner de la filiale bahianaise de LGR.
Il occupe désormais la présidence de Landis Shopping Centers, autre holding née* de LGR, qui a inauguré le shopping center “Via Verde Shopping”, dans l’Etat de l’Acre. Et M. Andrade prépare en ce moment l’inauguration d’un autre centre commercial, le “Pelotas Shopping”, situé à Pelotas, dans l’Etat du Rio Grande do Sul.
Chaque jour qui passe prouve les graves erreurs, de la part de l’ensemble des pouvoirs publics de Bahia et de la ville de Salvador, à avoir autorisé et même piloté l’acquisition, par LGR, d’une grande partie du patrimoine historique de Bahia.
Pendant ce temps là, les ruines gagnent les dizaines de pavillons acquis et les familles Rique et Andrade sont déjà loin, irresponsables, vers d’autres spéculations.
Lien et photo ci-dessous: On remarque sur la photo le gouverneur (PT) de l’Etat de l’Acre, Tiao Viana (Sebastião Afonso Viana Macedo Neves), qui fut une personnalité visionnaire, prometteuse et d’envergure nationale - nous l’avions rencontré informellement dans l’intérieur, très pauvre, de l’Acre en 2006 -, pour cet État enclavé et éloigné de tout. Les compromissions les plus basses, malheureusement, ont déjà envahi une bonne partie de son raisonnement politique:

Osvaldo Campos Magalhaes est un entrepreneur et un ingénieur, mais surtout un soteropolitano engagé pour la préservation et l’embellissement, si possible, de la ville de Salvador et de l’Etat de Bahia. Il éditorialise régulièrement ici et là, et rédige un BLOG où il invite à collaborer ceux qui, comme lui, s’indignent devant les blessures, peut-être mortelles, dont Bahia est victime. Son espace rédactionnel, ouvert, propose également de nombreuses solutions, jamais dans l’à-peu-près, pour Bahia. Osvaldo Campos milite depuis longtemps dans un petit parti de centre droit (PSB), modéré, mais qui fut le seul, sur les quarante dernières années, à avoir réussi à conquérir la mairie de Salvador en s’opposant frontalement à l’oligarchie tyrannique de Antônio Carlos Magalhaes. Il fut une fois candidat à conseiller municipal, en 2008.
Après avoir, ce mercredi 28 décembre, traduit son texte enflammé du 25 décembre, Bahiaflâneur apportera, dans un deuxième article (2/2), des éclaircissements et des informations factuelles précises, originelles et complémentaires des graves atteintes au patrimoine immémorial de Salvador, décrites ci-dessous.

Le 15 septembre 2011, a été inaugurée par la mairie de Salvador, la Praça Luiz Sande de Oliveira, dans le quartier d’Ondina, pour un juste hommage au brillant économiste et fonctionnaire bahianais. Résultat d’un partenariat avec le secteur privé, l’aire plaisante et populaire en bord de mer fut totalement réurbanisée et requalifiée, possédant accès pour les handicapés, terrain multisports, terrain de football, amphithéâtre, équipement pour la gymnastique et toilettes publiques. Selon le récit de la presse locale, à peine deux mois après la cérémonie d’inauguration, l’espace était déjà dans un état lamentable provoqué par des actions de vandales et par l’abandon des services de la mairie. Avec des protecteurs des grillages des terrains de sports en très mauvais état, les trottoirs défoncés, des poubelles et les travées des terrains multisports rouillés et crevassées dans les espaces pour la pratique du sport, le lieu semblait ne pas avoir été retapé depuis une éternité.
Étrangement, à la fin de novembre 2011, la place fut nouvellement encerclée par des palissades de bois et devint inaccessible pour la population. Selon ce qui est relaté, le partenariat avec le secteur privé devrait consister dans la permission de l’usage du lieu pour une installation d’un camarote pour le carnaval en échange de la réurbanisation et de la requalification. Ce qui cause stupeur et indignation est que le Carnaval se produira seulement dans la deuxième quinzaine de février. Considérant que le lieu se trouvait déjà interdit en onction du dernier Carnaval et des travaux de requalification depuis janvier 2011, nous constatons que la population eut l’usufruit du lieu seulement pendant deux mois dans l’année. Le processus peut avoir suivi tous ses cours légaux, mais l’appel d’offres fut-il amplement divulgué, donnant des opportunités égales aux potentiels intéressés ? Une Audience Publique eut-elle lieu, qui expliqua à la population comment serait fait la cession de l’usage du lieu ? Étant dans la zone de la Marine, à qui reviendrait d’autoriser l’utilisation de la zone publique fédérale ? Le processus de privatisation passa-t-il par le Secrétariat du Patrimoine de l’Union fédérale ?
Ce que l’on constate encore une fois est que la population subit un préjudice et que la mairie de Salvador n’accomplit pas ses responsabilités. Depuis que le Carnaval s’est allongé vers les quartiers de Barra et d’Ondina, il s’élitise et abandonne le rôle d’être un carnaval de participation populaire pour devenir un objet de bénéfice et de spéculation par une partie du secteur privé. Dans un mélange de priatisation et de piraterie, nous pouvons dénominer le processus en cours de “privataria urbana”. Jusqu’à quand la société civile sera négligée au sujet de faits de cet ordre ? Quelle est la position de l’association des riverains de Ondina ? Et le Ministère Public Fédéral ? Une action judiciare ne trouverait-elle pa sa place, rendant objectif l’annulation le processus de cession de une zone noble et la reprise du bien public ? Rien contre la participation du secteur privé dans les investissements de l’infrastructure urbaine, comme y compris cela s’est déjà passé dans des gestions municipales passées, avec la privatisation du mobilier urbain de Salvador.
Ce que l’on attend est que la population puiss ête consultée et que leprocessus soit totalement transparent et juste pour les deux parties. C’est inadmissible que justement pendant l’été soit empêché le droit des habitants et des touristes d’avoir l’usufruit d’une des plus belles aires du littoral de la ville et que cette zone soit cédée pour plus de trois mois à une minorité, qui l’utilisera seulement une semaine. Comme s’il ne suffisait pas déjà l’omission de la mairie devant le processus en cours de la spéculation immobilière dans la ville, avec le manque de planification et d’ordonnancement de l’occupation des sols qui vient provoquer de sérieux contretemps pour la mobilité urbaine, nous constatons que le Carnaval de Salvador, jadis une référence comme fête de grande participation popuaire,vient se décaractériser graduellement avec la totale complaisance du pouvoir public municipal et l’omission de notre conseil municipal.
De cette manière, c’est très préoccupant de voir la manière dont le “Plan d’Occupation des Sols de la Coupe du Monde (PDDU da Copa)” vient circuler dans les rangées du conseil municipal. Quel sont les réels intérêts derrière cette nouvelle proposition d’ordonnancement de l’usage des sols ?
Comme l’a déjà dit notre poète majeur: “la place est du peuple, comme le ciel est du condor”(*). Jusqu’à quand la société civile soteropolitana sera-t-elle négligée ? Jusqu’à quand assisterons-nous impassibles à une totale décaractérisation de notre belle ville de Salvador ?
Quelle sera la ville que nous laisserons pour les futures générations ?

Le titre de l’article est un jeu de mots qui renvoie au livre d’investigation Privataria Tucana qui fait l’actualité de ce mois au Brésil. Privataria est l’association de Privatização et de Pirataria quant Tucana fait référence à l’oiseau, le toucan, symbole du parti PSDB. Ici, remplacé par Urbana qui se traduit donc par urbaine.

Nous sommes dans la région semi-aride de Bahia, dans l’aire de préservation de caatinga (savane) de l’Ipêterras - Institut de permaculture en terres sèches - à 5 km au nord de la ville d’Irecê, au nord-ouest de la Chapada Diamantina. Ils sont voisins de la communauté du Mocozeiro, une communauté rurale. Les apiculteurs, sur la photo, sont originaires du petit village de Morro de Higino, qui dépend de la municipalité de Jussara, 25 km de la même grande ville d’Irecê.
Sur la photo, en ce mois de novembre encore sec, sous la combinaison, c’est João Pereira da Silva, frère de la coordinatrice - Marilza Pereira da Silva, dite “India” - de l’Ipêterras, qui prend les risques…. (photos © J.-D. Rochat)
Ipêterras vit, difficilement, de dons et de maigres subventions publiques. Alors, en ces périodes de fêtes, si vous voulez montrer votre générosité, c’est vers eux, ces agriculteurs Bahianais, grandement soucieux de l’écologie, d’Ipêterras, qu’il faut la matérialiser !

Au départ, il y a l’écoute, par le flâneur, d’un show de la chanteuse Cláudia Cunha sur la minuscule scène du petit théâtre Gamboa Nova, en 2009. Une double grâce, par la présence et la voix, crèva la scène ce soir-là. Puis un certain compagnonnage d’esprit avec l’un de ses paroliers, par d’autres biais citoyens, naquit. Sans oublier le fait que le disque de Cláudia Cunha fut lancé par le plus prestigieux label brésilien, Biscoito Fino, fait rarissime à Bahia, pour une artiste jeune.
“Salvador a une carence d’actions et d’espaces qui puissent absorber les talents de la ville. C’est absolument suffocant pour l’artiste local de survivre opprimé par le manque de fonds, de mécènes, de sponsors… Le gaspillage de talents provoque une migration dommageable à Salvador et je positive pour que des personnes comme Cláudia Cunha réussissent à trouver un espace digne le plus rapidement possible, que les pouvoirs publics et privés puissent potentialiser cette pléiade d’artistes qui font tant de bien à la ville amenant une alternative au marché brutal et souvent de mauvaise qualité qui occupe les radios, le carnaval, les espaces improvisés pour les présentations musicales”.
C’est à partir de ces propos - dans une conversation très récente avec Gil Vicente Tavares, pour évoquer la chanteuse Cláudia Cunha et le décor musical de Salvador en 2010 - qui m’ont semblé refléter une réalité, que la publication d’un entretien ciblé m’a semblé aller de soi, ici. Par le biais du courrier électronique, je lui ai demandé alors de recontextualiser son parcours et son partenariat - deux chansons - avec la chanteuse et la place de cette dernière dans le Salvador musical du début 2011.


BF : Comment fut le contexte de création de “Dança” et de “Mar do norte” ? Cela fut-il une demande de Cláudia Cunha, cela se révèla-t-il une pure création de ta part ?
G. V. T. :“Dança” a été composée comme une déclaration. J’étais en train de répéter un spectacle commémoratif dans lequel il y avait une danseuse, Bárbara Barbará [Donadel], qui m’avait déjà enchanté à la voir danser “Ulisses”, spectacle de la troupe de danseurs de la Companhia Viladança. Impulsionné par la volonté de conquête et inspiré par l’artiste, j’ai fini par composer la chanson qui, quelque temps après, fut appréciée par Cláudia Cunha. Alors, nous avons appelé Jarbas Bittencourt pour faire les arrangements, car il avait accompagné, d’une certaine manière (note du traducteur: il travaille régulièrement avec les troupes diverses hébergées dans le Teatro Vila Velha, comme le Viladança), le processus de création de la musique. Nous avons fait l’enregistrement pour l’inscrire au Festival de Música da Educadorado FM en 2009, pour lequel nous avons été classés en cinquantième position par le jury. « Mar do norte » était une chanson instrumentale, avec le même titre, composée par Ivan Bastos. J’ai découvert la chanson lors d’un spectacle du Grupo Garagem au Microcentro Cultural dos Correios, une salle au Pelourinho. Tout de suite après le concert, j’ai été enthousiasmé par la mélodie et j’ai demandé à I. Bastos un enregistrement afin que je puisse écrire des paroles dessus. Ivan Huol, en même temps, s’est emballé pour l’idée et a déclaré que si j’écrivais les paroles, il l’enregistrait. Quelques temps après, j’ai fini par obtenir la musique dans le disque de feu le groupe Bonde Xadrez. Je l’ai tout de suite écoutée, écrit les paroles et téléphoné à Ivan. Nous l’avons inscrite dans le Festival de Musica de Educadora FM* de 2007 et nous avons entendu à la radio que Cláudia avait écouté la chanson. Elle avait déjà l’esprit occupé par son disque et a fini par inclure la chanson pour faire partie de son répertoire.
Depuis quand êtes-vous parolier ?
Ma première chanson fut un samba-enredo que j’ai fait, à l’école primaire, à Rio de Janeiro. J’ai toujours été un compositeur dilettante, amoureux que j’étais de la musique et stimulé par l’ambiance dans laquelle je vivais, entourés d’artistes, d’un père poète… Mais quand j’ai commencé à étudier la musique, un strict minimum de piano et ensuite la guitare, un monde musical s’est ouvert pour moi et, à 12, 13, 14 ans, j’ai commencé à me risquer à composer quelques chansons. J’ai toujours composé des chansons avec des paroles, jusqu‘à ce qu’à 17 ans, en pleine coupe du monde de football de 1994, je connaisse Luis Filipe de Lima. Il était chez moi, regardant la partie Brasil 1 et 0 USA et nous avons commencé à s’échanger des créations. À écouter mes chansons, il m’a donné trois mélodies pour que j’y mette des paroles. L’une d’entre elles a disparu, mais j’ai mis des paroles sur les deux autres, qui, jusqu’à aujourd’hui, sont chantées - l’une fait partie du répertoire récent de la chanteuse Stella Maris. De ce que je me souviens, et j’espère ne rien oublier d’important, cette filiation de parolier, proprement, comme une personne qui met des paroles sur une mélodie, a surgi des partenariats avec Luis Filipe de Lima.
Comment situes-tu Cláudia Cunha dans le décor de la chanson ? L’imagines-tu parolière, plus tard ?
Je trouve naturel notre partenariat, à partir du moment que nous sommes, comme artistes et amis, dans d’autres secteurs, partenaires constants. J’ai même reçu une chanson de sa part, mais qu’elle a ensuite écrite, heureusement, car j’aurais pu l’abîmer et elle a fini par l’enregistrer sur son disque, « No girar de Alice ». Je suis actuellement avec un samba non terminé, créé par elle et Ivan Bastos, si je ne me trompe, pour voir si cela va donner quelque chose, et je lui ai donné une chanson inachevée pour qu’elle la complète. Mais je la vois plus comme une créatrice de mélodies que de paroles. De toute manière, nous scellerons notre amitié artistique tôt ou tard avec un partenariat. J’adore faire des alliances. L’acte de créer, souvent, est très solitaire, et diviser cela avec une autre personne est divertissant, riche et stimulant.
Quelle serait la meilleure qualité de Claudia Cunha sur scène et pendant l’enregistrement d’un disque - qui sont deux choses bien différentes, à notre sens ?
Claudia est très exigente et critique, comme moi. Le problème est que son côté Oxum** prend le dessus, cette manière de jeune femme fragile couvre l’être ténébreux qu’elle garde en elle. Et c’est justement cette matrice qui fait qu’elle a cette perception aigüe du « faire » artistique. Elle est une des personnes avec laquelle j’aime le plus converser sur les arts, actuellement, justement car nous avons une syntonie dans l’analyse des œuvres qui nous met du même côté du “ring”. Je me souviens de nombreux moments où, stimulé par Cláudia, j’ai proposé de nombreux commentaires sur son show, et - l’écrasante majorité des fois - elle était d’accord avec moi ; une symbiose salutaire. Elle n’a pas l’aigreur soteropolitana de l’hypocrisie et de juger la critique comme une offense. Ainsi, je crois que Cláudia se met en évidence comme une artiste, au-delà de sa technique et de son timbre vocal, qui dialogue et analyse sa propre création, amenant une sécurité et une précision dans son « faire » musical, qui se perçoit dans le raffinement et l’attention portés à ses productions phonographiques et sur scène.
Comme elle n’a lancé qu’un seul disque, et que j’ai déjà vu plusieurs de ses shows, il est difficile d’établir une facile comparaison. Je pense qu’après un troisième disque, nous pourrons mieux évaluer sa carrière phonographique, avec un distancement historique et des œuvres pour comparer.
* Educadora FM est une radio publique de Bahia, dépendant de l’IRDEB. Seul “Mar do norte” figure dans le disque. “Dança”, enregistrée, ne figure sur aucun support, en janvier 2011.
** Oxum, la divinité afro-brésilienne de l’eau douce.

Salvador Bahia Brésil

Elle est considérée comme la marque la plus ancienne à Bahia. Leite & Alves. Elle naquit d’abord à Niteroi, dans l’Etat de Rio de Janeiro, sous le nom de São Domingos. En 1881, elle déménagea à Salvador, pour échapper à des impôts d’importation. En 1936, elle rejoint la ville de Cachoeira. Déjà à cette époque, son produit phare était le cigarillo Talvis. En 1977, la marque Talvis est achetée par l’entreprise H. Madeiro. Puis l’année 1997 voit l’usine achetée par le commerçant, de São Paulo, Renato H. Madeiro* qui la ferme et se concentre sur le cigarillo Talvis. En 2003, l’entreprise sera scindée en trois : Indústria Tabacos da Bahia, Talvis Cigarrilhas e Charutos, et Fábrica de Charutos Leite & Alves. Avec seulement 32 employés en ce début d’année 2010, sur les deux sites.
Nous ne pouvons malheureusement pas compléter ce post, le chef de cette entreprise n’ayant pas répondu à nos nombreuses sollicitations et demandes d’interviews, qu’elles soient par réseau virtuel, courrier manuscrit ou téléphone.

Localisé à Cruz das Almas, le fondateur de cette petite entreprise, Luiz Sandes, professeur d’histoire natif du Pernambouc où il était chef d’une entreprise de fabrication de sorbets et patron de deux magasins de tabac (Tabacaria Mister Holmes, à Recife), a travaillé précédemment, trois mois, chez le fabricant Monte Pascoal, à Bahia. Avec seulement deux employés, contacté par notre équipe, il n’a pas souhaité répondre à nos questions, mais il semble qu’il aurait également cessé ses activités.

Geraldo Dannemann est né à Brême, en Allemagne en 1850, et s’est installé à Bahia, à São Félix, en 1872. Il a acheté alors l’entreprise en faillite Schnarrenbruch. Il avait seulement six employés. Après avoir employé plusieurs milliers de personnes au début du XXe siècle, un déclin de l’entreprise fut noté pendant la seconde guerre mondiale. Elle fit faillite et fut fermée en 1955. Depuis 1976, Dannemann a été racheté par le groupe suisse, spécialisé dans les cigares, Burger Söhne AG*. Leur meileur cigare, et le meilleur cigare du Brésil, pour tous les dégustateurs et spécialistes est sans aucun doute la gamme “Artist Line”**.
Un chiffre à retenir, en 2010: 97% des plantations de tabac de l’entreprise voient leurs productions exportées. Seuls 3% des feuilles restent à São Félix pour fabriquer les cigares, après les étapes de séchage, sur place. Dannemann est aujourd’hui la première fabrique du Brésil. Leurs cigares représentent une carte de visite, mais en aucun cas une source de revenus, prenant en compte le coût de la fabrique à Bahia.
Exceptionnellement, étant donné le volume rédactionnel, en français, inclus dans le site de la marque, il n’est pas nécessaire de rajouter autre chose : http://www.dannemann.com/ch/fr/centro-dannemann/centro-dannemann-sao-felix/
* Le groupe suisse, basé à Bissago, dans le Tessin, en Suisse, est propriétaire de toutes ces autres marques de cigares, de par le monde: Rössli, Al Capone, Weekend, Meccarillos, Ormond, Fivaz, Churchill, Huifkar, Blauband, Brissago, Bündner, Monopol, Pedroni, Nazionale, Toscanelli, Garibaldi. En août 2010, il n’y a plus qu’une seule autre entreprise de cette branche de cigares et cigarillos, en Suisse: Villiger Söhne AG, fondée en 1888, et qui fabrique 500 millions de cigares et cigarillos par an. Villiger a racheté en février 2008 Wurhmann Cigars AG, qui avait été fondée en 1876.
** Avec les mannequins de Fam International, le photographe Helmut Newton a réalisé le calendrier des cigares Artist Line, lors de son lancement en Europe par Dannemann, en 1997.

Créé en 1977 par les deux Allemande Arend Becker et Horst Heinrich Richard Schweers, LeCigar n’a véritablement débuté ses activités qu’en 1998. Les cigares Premium, voilà quelle est la qualité distribuée en priorité. La pureté et l’appellation de ces cigares leur permet une grande visibilité sur le marché international. Les plantations réparties autour des vilages de Cruz das Almas et de Conceição do Almeida fournissent immuablement une qualité hors pair.
Johan Becker, le père de Arend, était venu de Brême en 1920, et avait initié une affaire d’exportation de cigares au Brésil. Sa société d’alors, en 1964, Matas da Bahia Ltda, était déjà implantée à Cruz da Almas. Au milieu des années quatre-vingt, le père et le fils ont alors commencé à fabriquer des cigares pour d’autres compagnies. Puis en 1997, leur label est né. Ainsi Manufatura Tabaqueira Le Cigar Ltda structure les activités de cette maison familiale, dirigée par Ricardo Becker, également président du Sindicato da Indústria do Fumo da Bahia (Sinditabaco).
Au début du mois d’août 2010, l’entreprise a fermé, après avoir employé trente, puis quinze, puis cinq personnes au total. Le fondateur s’est dit acculé par les impôts exigés par l’ANVISA, l’agence de surveillance sanitaire. Selon Ricardo Becker, “les taxes exigées par l’ANVISA ne seraient pas à même d’être payées par les bénéfice annuels de l’entreprise”. Et les quelques trois mille caisses de cigares restantes ont été rachetées par un distributeur de Sao Paulo.
Saudade !

Dance Afro Salvador Bahia Brésil

Nous avons rencontré la productrice française, surnommée Ansó, de la compagnie espagnole de danse La Intrusa Danza. Elle produit deux autres troupes catalanes de danse ainsi que deux compagnies françaises* et vit depuis dix ans à Barcelone. Rivée à son Iphone bleu ciel, posé sur la table du foyer du Teatro Vila Velha, elle a répondu dimanche soir à nos questions sur le spectacle Staff, qui s’est joué deux fois à Salvador, samedi 9 et dimanche 10 avril 2011.
Bahiaflâneur: Comment s’est effectuée la sélection de votre troupe dans le festival de danse de Salvador ?
Ansó: Nous avions envoyé un disque DVD il y a un an, en janvier 2010. Ce spectacle a déjà été joué cinquante fois depuis trois ans. Il a retenu toute l’attention de l’équipe organisatrice, qui a accepté nos conditions de budget, incluant deux autres spectacles à Sao Paulo. Et l’organisation de notre voyage a été possible grâce à l’Instituto Cervantes et au Fondo Cultural Iberoamericano.

BF: Quelle est la particularité stylistique de la compagnie?
A: Elle est assez unique. Par la danse en grand contact avec les corps, par la morphologie très différente des danseurs et de la danseuse, et par le langage corporel très viscéral.

BF: Avez-vous déjà fait des tournées hors de l’Espagne ?
A: Nous faisons une trentaine de spectacles par an. Après Salvador, Sao Paulo, nous irons en 2011 en Italie, en Allemagne et dans huit villes au Mexique. Sans compter les très nombreux spectacles en Espagne. Et nous serons également présents en novembre 2011 au festival Mesa Verde, à Belo Horizonte, dans l’Etat du Minas Gerais. Dans le passé, à une époque où je n’étais pas encore leur productrice, je sais que la compagnie s’est déjà présentée plusieurs fois au sud du Brésil.

BF: Quelles sont les conditions de fonctionnement de la troupe à Barcelone ?
A: Elle vit uniquement de subventions publiques et a quatre permanents salariés.
* Sol Picó, Senza Tempo, CaféClash, François Chaigneau/Cecilia Bengolea.

L’héroisme de chaque jour : la concordance comme condition aux osmoses et aux alliances humaines et amoureuses. Les communs des mortels, au contraire des danseurs, n’ont pour base de comportement la synchronisation de leurs gestes. C’est pourtant le défi que la chorégraphe du montage José Ulisses da Silva s’est lancé. Cinquante minutes durant, à partir du cercle lumineux qui scinde la salle de spectacle en deux, où des sons hurlants et stridents, d’acier ou de bambous recouvrent l’espace, quatre hommes et trois femmes tentent de s’immiscer sur la planète Terre, sans la moindre harmonie.
Nos yeux de spectateurs ne percevront d’abord que son contraire, l’affrontement. Verbal ou physique. Des cris ou des empilements violents. Des courses éperdues. Des rais de lumière mais aussi beaucoup d’ombres. Des virevoltements incessants. Une planète sans frontière, où les porosités sont de tous ordres. Du spermatozoïde au géant immortel de deux mètres, l’agitation est de mise, pour toutes et tous. Il faudra l’insistance féminine et une certaine grâce, au son de l’accordéon qui réchauffe les coeurs, et par la voix off qui rappelle la souffrance du noir brésilien, pour qu’ils et elles se rencontrent. Entre temps, il aura fallu farouchement prendre et trouver sa place dans la file, pour la vie, au risque de sa vie, voire se glisser entre les corps, accompagner dans sa chute l’aimé(e) pour mieux le retrouver. Une pièce qui, par ses retournements incessants, ses longues pulsions musicales et les luttes corporelles de ses acteurs nous impose d’acquiescer aux mots du personnage interprété par Fritz Lang, dans le film “Le Mépris”, lorsqu’il proférait : “La mort n’est pas une solution”.

Il vient du Japon, mais vit en Allemagne. Tadashi est danseur de buto*. La danse, comme un rite, semble l’avoir accueilli, comme soeur jumelle, depuis plusieurs décades. Hier soir, sur la scène du Teatro Vila Velha - pour cette cinquième édition d’un festival international - il entra recroquevillé sur lui-même, dans son grand manteau marron sur un pantalon blanc satiné, avec sa tignasse grise, ébouriffée et flottante… Au centre d’un double rayon de lumière, il semblait d’abord s’adresser aux cieux, avec le violon lancinant de Kronos Quartett comme fond musical. Se lever, s’affaisser comme une feuille, s’accroupir pour peut-être nous rappeler la pénitence. Voire une repentance, mais toujours comme une offrande. Puis viendra le deuxième temps musical de cette chorégraphie autobiographique, intitulée One-Nine-Four-Seven**, où la cape jetée, battue avec force contre le sol lui permettra de virevolter au coeur d’une lumière rouge, rouge comme le sang, pour, certainement, nous ramener vers les crimes de notre époque et nous en rappeler l’actualité.
Le vacarme assourdissant d’un avion pose alors le décor du deuxième acte. Et Tadashi retrouve alors des positions plus figées. Une atmosphère, qui peut nous remémorer des tableaux de Georges de La Tour, s’installe sur scène. Le violon est toujours présent, et la bougie posée sur le ventre nous guide alors vers l’essentiel. Dans une presque totale immobilité, le silence se fait, le corps est maintenant nu. Un corps qui se met à cheminer à quatre pattes, qui foule les obstacles, qui tombe, qui rampe comme un chat, dans un silence de plomb, de sable mouvant. Viendra alors la voix féminine japonaise, celle du réconfort, qui lance le défi. Les mains de Tadashi, toujours en mouvement, dans une imploration communicative. Minimalisme japonais qui s’oppose au chaos qui semble entourer le danseur. Mais Tadashi sait, en quelques pas, nous guider vers les clair-obscurs d’une certaine sérénité.
Tadashi Endo est chorégraphe, danseur et directeur d’un centre de danse à Gottingen.

Café soluble. Avec 74.300 tonnes de café soluble exportées en 2010, le Brésil en est le premier exportateur mondial. Pourtant, il ne réussit pas à son expansion dans les grands marchés demandeurs, tels la Chine et l’Inde. Le café soluble est en effet, selon Carlos Henrique Jorge Brando*, consultant en marketing, “la porte d’entrée pour le café torréfié et le café moulu”. Il a rajouté, dans sa conférence de ce matin du mardi 22 mars, que le Brésil, selon lui, n’est plus leader également en Russie sur ce marché, comme il le fut auparavant. Avec 3,2 millions de tonnes équivalent** de café vert exporté en 2010, il est bien en-dessous de ses capacités. Les neuf entreprises qui se partagent ce marché, dont la suisse Nestlé et la japonaise Marubeni (Iguaçu) et sept sociétés brésiliennes, pourraient facilement atteindre un volume de 4,5 millions de tonnes de café vert.
* Depuis 1984, C. H. J. Brando est consultant pour le café et le cacau pour la société brésilienne Pinhalense, fondée en 1950, plus gros fabriquant d’équipements pour le café, pour les fermes qui travaillent à l’exportation : “Plus de la moitié du café du monde passe par des machines Pinhalense”, est l’un des slogans de l’entreprise.
** Pour 1 kilo de café soluble, correspondent environ 2,3 kilos de café vert. 1 sac de café vert comporte 60 kilos.

Culture Salvador Bahia Brésil

Singe et noir-fainéant ?
Récit d’une déplorable scène de racisme, de violence physique et xénophobe.
Chers collègues, amis et professeurs,
Je viens par ce moyen narrer un triste épisode implicant des actes de discrimination raciale, de violence physique et de xénophobie, duquel moi, Orlando Santos et Valdinéa Sacramento, étudiants de l’Universidade Federal da Bahia, nous fûmes les victimes. Il était environ onze heures du matin, le 12 janvier 2012, d’ailleurs jour du “lavagem do Bonfim” annuel, quand je sortis de l’immeuble São Rafael, situé dans la rua Tuiuti, dans le quartier du Largo Dois de Julho.
L’idée fut, avec Valdinéa, de traiter de sujets académico-professionnels. Une fois le travail terminé et, par un jour de grand soleil et d’une chaleur certaine, nous décidâmes de trinquer au succès d’une journée productive de travail avec une petite bière et en échangeant des idées liées à nos recherches de doctorat en cours. Nous optâmes donc pour nous asseoir au bar de Zé, situé en face de l’immeuble São Rafael , où demeure Valdinéa. Nous nous approchâmes du bistrot de Zé, et nous passâmes la commande. Assis, nous commencâmes à discuter. Il y avait d’autres personnes qui parlaient et buvaient de la bière. Quelques instants plus tard, trois des quatre personnes, à vue de nez, qui étaient dans le bar s’absentèrent, restant alors seulement un monsieur âgé qui les accompagnait. Écoutant « mon accent différent » il demanda d’où j’étais et commença alors un dialogue avec moi et Valdinéa, racontant son expérience au Gabon, aux débuts des années soixante-dix, expérience qu’il classifia comme mauvaise et malheureuse, comme c’est la norme pour ces récits pittresques de « voyageurs », où la quête internationale pour le chaotique et l’exotique finit par offusquer le moindre dialogue réel et équitatif avec le contexte local.
“Africains responsables de l’esclavage”
Après avoir écouté le récit du monsieur sur le Gabon, je cherchais à ajouter quelques éléments de contextualisation historique sur le pays en question, localisé sur la côte atlantique de la région centrale du continent africain. En rappelant qu’en 1970, le Gabon avait déjà dix ans d’indépendance politique et qu’il s’agissait d’un pays, étant donné l’abondance de ressources naturelles, d’investissements privés et d’une bonne gestion publique, avait été considéré par les statistiques internationales comme l’un des pays les plus prospères de la région sous-saharienne du continent africain, mais comme c’est la coutume, la personne d’un certain âge se montra irréductible dans son analyse.
À ce moment là s’approcha de nous une personne, en dehors du contexte de notre dialogue, en ton agressif, criant « ce sont les Africains qui ont commencé le trafic d’esclaves, ce sont eux les responsables de l’esclavage », et je dis alors à l’intrus que j’allais pas participer à cette conversation et je m’écartais un peu. Pas satisfait, l’intrus du nom de Lázaro Azevedo, habitant l’immeuble Tuiuti, appartement 201, insista pour continuer la conversation, d’un ton agressif. Je répétais que je refusais à répondre à ses infondées provocations, tout d’abord car il était visiblement ivre, et deuxièmement car son discours démontrait une absence du minimum de connaissance sur l’histoire de Bahia, du Brésil et encore moins du continent africain.
Écrasé dans le champ des idées et visiblement incommodé, l’individu décida de passer à l’action « pit bull » tentant de m’attaquer physiquement, me lança son poing à la figure, atteignant la partie droite de mon visage. Même ainsi j’évitais la moindre confrontation. À cette hauteur, Valdinéa, qui était de l’autre côté de la rue, conversant avec une collègue qui passait, courra vers nous pour calmer le jeu. Même ainsi, l’homme, la haine affleurant les pores, tentait de se jeter sur moi.
C’est alors que nous optâmes pour quitter les lieux, mais, quand nous nous dirigeâmes à la porte de l’immeuble où habite Valdinéa, l’individu nous poursuivit jusqu’à la porte tentant encore de nous atteindre physiquement. Ce fut à ce moment, quand le portier de l’immeuble s’approcha pour éviter que nous fûmes blessés, écartant l’individu de nous, celui-ci, inconformé, dans un acte de laplus grande lâcheté et cruauté donna une claque à Valdinéa qui se déquilibra et tomba dans la cage d’escalier de l’entrée de l’immeuble, le pire n’arrivant pas car je me trouvais à côté et je réussis à éviter que sa tête frappe une des marches.
Encore insatisfait , l’individu tenta de rentrer dansl’immeuble, et vu son échec, commença son agression verbale me traitant de « singe », « noir fainéant » et Valdinéa passa à s’appeler la « noire paresseuse ». Promettant vengeance dans les termes suivants « je vais te chopper grand noir et te faire retourner chez toi, singe ».
Médiatisation et mercantalisation des cultures noires
Un certain temps après ce triste épisode, nous allâmes au commissariat du quartier de Barris, situé dans la Rua Politeama de Baixo, pour déposer plainte, dont l’audience est marquée au 13 février 2012. Nous tentâmes encore actionner d’autres services comme la Delegacia Especial de Atendimento À Mulher, dans le quartier Engenho Velho de Brotas, mais nous apprîmes que la loi Maria da Penha ne contemplait pas ce type d’agression, car seulement les atteintes d’ordre domestique.
De cette cruelle expérience, il est encore plus clair que malgré que le Brésil héberge le second plus grand nombre de population noire du monde, en dehors de l’Afrique, de posséder plus de 22,5 millions de jeunes d’ascendance africaine dans un total de 47,3% (FNUAP [1], 2011) et, dans le cas spécifique de Salvador, le fait d’être élue en 2011 la cpitale afro-descendante de la région Ibero-América.[2], je perçois que la population noire est presque invisible, étant entre les groupes de populations qui affrontent les plus grands désavantages sociaux : exclusion socio-économique et discrimination. Cette parcelle de la population a également les pires indices de santé, éducation et emploi, malgré les transformation advenues pour une meilleur démocratisation sociale (INSPIR [3], 1999).
Nous devons prendre en considération que Salvador étant une ville dont la majorité de ses habitants est noire, cette même population est écrasée par le racisme et par la subtile négation des référencements civilisatoires d’origine africaine. Encore plus puisqu’il existe un trompeur discours dégalité raciale, via la médiatisation et la mercantilisation des cultures noires. D’un autre côté, vient également en évidence une profonde méconnaissance de l’histoire de l’Afrique et des populations afro-brésiliennes, au point de croire que les noirs sont des citoyens de cinquième catégorie. Pour cela, certaines politiques publiques tournées vers les populations noires paraissent incommoder tant de déterminés groupes sociaux. Ceci explique l’insulte « vous êtes un noir fainéant », certainement pour ne pas être portier d’un immeuble ou soulevant des charges pour garantir sa survie, pour cela un noir diplômé universitairement est synonyme de fainéantise dans la vision de quelques uns. Bien que le fait que les Nations Unies aient décrété 2011 comme l’Année internationale des afro-descendants, quel usage cette intiative eut-elle ?
Devant ces évidences, je questionne le fallacieux discours de l’absence de racisme et des attitudes de discriminiation contre les noirs dans la société de Salvador de Bahia, ainsi que l’inexistence de pratiques sociales assises sur d’anciennes relations sociales inégales qui remontent à la période coloniale.
[1] Fundo das Nações Unidas Para a População.
[2] Conclusão saída da declaração final do Encontro Ibero-Americano do Ano Internaciona l dos Afro-descendentes (Afro XXI), realizado de 16 a 19 de novembro de 2011 em Salvador.
[3] Instituto Sindical Interamericano Pela Igualdade Racial..
Orlando Santos

Praia do Forte Bahia Brésil

Il est touristique. Il est en bord de mer. Il ouvre grand les bras pour les oisifs, depuis une bonne dizaine d’années. Il est sûr, nuit et jour, en ses moindres recoins. Il propose des dizaines de lieux de restauration et de boutiques, mondialisées ou non. Il est ensoleillé toute l’année. Il est bucolique. Et nous osons dire qu’il est le seul des 417 municipios de Bahia où le voyageur, d’un soir, d’un jour ou d’une semaine, ne prendra jamais au grand jamais comme réflexe obligatoire ce “regard panoramique’ pour qui d’ordinaire et presque en tous moments, se sent proie latente.
Son nom: Praia do Forte.
À fendre la voie unique d’accès à Praia do Forte, quelle est pourtant grande notre surprise de ne voir cette “bienvenue” déclinée en toutes langues sauf celle d’André Breton ?
Alors même qu’une annonce publicitaire pour une carte bancaire chapeaute l’ensemble !
Mesdames et messieurs les autorités de la municipalité de Mata de São João, à vous la parole !

Salvador Bahia Brésil

La Baie de tous les Saints. 56 îles… Balades à cheval sur la plage de Ponta de Areia. Traversée à pied de l’oubliée et mélancolique ville d’Itaparica. Déjeuner sur la large place, d’un cozido, à l’ombre du manguier, la mer pour tout horizon…

Une longue dérive le long de la contracosta d’Itaparica : 25oC dans l’eau, pour atteindre les villages de pêcheurs, isolés, puis les minuscules îles de Matarandiba ou Ilha do Medo… Eaux cristallines… Plage paradisiaques. La lancha de Vera Cruz et la lente traversée vers Salvador. Ilha de Maré. Chevaux blancs en liberté. Ruines enfouies sous la végétation exubérante. Sourires éclatants des enfants. Le barquinho pour rejoindre Candeias…

Boipeba la douce, aux plages immaculées, dont un des plus beaux endroits du monde. Sur l’île de Tinharé, la vue enchanteresse depuis le phare du village Morro de São Paulo. Camamu, le bateau à moteur, puis la baie, pour rejoindre les rivages dorés de Barra Grande, et la sublime Ilha do Sapinho. Péninsule de Marau… Et si là étaient les joyaux de Bahia ?

Cachoeira Bahia Brésil

A moins de 100 km de Salvador, la région nommée Recôncavo, au charme incomparable. Atmosphères pittoresques, villageoises ou bien coloniales — Cachoeira — avec, entre autres, l’engenho Fregueisa, sur les berges du rio São Francisco, qui fut construit en… 1587 !
Irez-vous en canoé sur le Lago de Pedra do Cavalo, ou vous glisser dans les eaux endormies de la plage de Cabuçu? À moins de visiter le village de Muritiba, sentinelle dorée d’une vallée endormie… Ou bien le port de Jaguaripe, à la beauté placide et incomparable? Les plantations de tabac? Les bananeraies? La désuète Santo Amaro ne saura vous laisser indifférents, elle qui a vu naître Caetano* et Bethânia !

Cette même ville abrite la «Casa do Samba de Santo Amaro, Centro de Referência do Samba de Roda», réunissant jusqu’à 700 sambistas de 20 villes environnantes. Et l’esprit, dit-on, de Besouro, capoeirista aux pouvoirs surnaturels — à qui l’on prêtait le don de se changer en insecte — rôde encore…

Mais rendre visite aux pêcheurs, en barque, de la divine et colorée Maragojipe — au croisement des rios Paraguaçu et Guaí - vous tente-t-il ? Là, vous verrez les dernières embarcations à voile (saveiros) utilisées pour le transport des marchandises… Vous ne cesserez de traverser de longues vallées verdoyantes où le bétail ne manque pas… Depuis Santiago do Iguape, la lente remontée en barque pour rejoindre le convento de São Francisco do Paraguaçu (XVIIe siècle) ne vous laissera pas indifférent… Palmiers à huile, champs de canne à sucre à perte de vue, en bordure de Sao Francisco de Condé… Plus calmement, une visite à un sculpteur sur bois, à un poète — en fumant un cigare fabriqué à São Félix ? Peut-être préférerez-vous à cela une cerveja sur les berges du fleuve Paraguaçu, avant notre moqueca de aratu, après tout…

* Dans sa maison natale (où sa mère Dona Canô, centenaire, vit toujours), Caetano Veloso, à l’âge de quatre ans, traçait déjà des graffitis sur les parois avec le charbon de bois de la cuisinière… À dix ans, il y enregistra son premier disque, en chantant : «Mãezinha Querida» et «Feitiço da Vila», de Noel Rosa, accompagné par sa sœur Maria Bethânia au piano… L’adolescence venant, il peignit là de nombreux tableaux et appréciait également y «mettre en scène» des pièces dramatiques avec sa sœur…

Salvador Bahia Brésil

Les lointains. La province de Bahia, chaude et humide mais aussi semi-aride, se voit sans cesse coupée par des fleuves, des rivières, aux plaines tantôt couvertes de plantations de canne à sucre, tantôt de cacao, de manioc…

Et puis… les 40.000 km2 de la Chapada Diamantina*, véritable jardin d’Eden tropical et paradis… Ses cascades, les sables colorés, ses routes cahotiques, de nombreux sites archéologiques, son marécage - Marimbus, à traverser en barque —, ses lacs cristallins, ses grottes, ses vallons et ses chemins escarpés à flanc de collines. Ou bien encore le village colonial, haut perché, de Rio de Contas, au panorama montagneux époustouflant, avec sa vertigineuse cascade Cachoeira do Fraga.

Et au gré des traversées des villages - où les options de randonnées sont innombrables — de Capão, d’Andaraí, avec les voix chantantes s’échappant des botecos, les maisonnettes aux façades multicolores — Mucugê comme poché à la main —, ses rivières transparentes, ses cascades, son cimetère byzantin… Sans oublier les grottes d’Iraquara et ses lacs souterrains** où il est si bon de nager…

Passionnés d’histoire, vous voudrez replonger au cœur d’une des plus sanglantes révoltes populaires du Brésil, celle des Canudos (années 1896/1897), aux alentours du village de Monte Santo, dans le sertão, épiquement et magistralement contée par l’écrivain et journaliste Euclides da Cunha… Et gravir ces collines, dans ce décor où le cinéaste Glauber Rocha choisit, à 23 ans, de tourner son film «Deus e o diabo na terra do sol»…

Le travail à la ferme et l’artisanat sont souvent l’unique source de revenus, en dehors des périodes de fêtes traditionnelles, en cet interior bahianais. Et les places arborisées, nids des namorados au soir tombé, ceintes d’églises coloniales berceront aussi votre regard. Quelquefois d’un charme désuet, des villages ont encore leurs engenhos, que vous pourrez visiter, et y déguster, bien sûr, la cachaça…

* décembre-mars : période des pluies ; à partir de juin : période sèche
** comme le “Poço Encantado” (à Itaeté) à l’eau cristalline, d’une profondeur de 65 m !